Mémoire et Vigilance : Le Vel’ d’Hiv’ et les Mécanismes Intemporels de l’Exclusion

L’Histoire ne se répète pas, mais elle insiste. Elle laisse des traces, des structures, des habitudes. Cet essai n’interroge pas le Vel’ d’Hiv’ comme une simple tragédie du passé, mais comme une leçon que nous n’avons peut-être jamais vraiment apprise. Il ne s’agit pas de commémorer, mais de comprendre. Non pas de se souvenir mécaniquement, mais d’identifier les signes avant-coureurs, ces seuils que l’on franchit sans bruit, ces logiques d’exclusion qui, sous d’autres formes, réapparaissent dans l’ordre du jour.

On ne rafle plus, on trie. On ne déporte plus, on éloigne. L’État moderne n’a plus besoin de brutalité pour exclure : il suffit d’un algorithme, d’un fichier, d’une frontière invisible qui déplace sans bruit ceux que l’on ne veut pas voir. L’indésirable n’est plus montré du doigt, il est administrativement absent. Il n’existe plus.

L’Europe externalise ses frontières, les régimes autoritaires transforment la répression en nécessité bureaucratique, les démocraties, au nom du pragmatisme, s’habituent à ce qu’elles auraient autrefois dénoncé. La guerre en Ukraine, la disparition des opposants, la traque des minorités ne sont pas des faits isolés ; ils sont les symptômes d’un monde qui glisse, une fois encore, vers un équilibre où la sécurité justifie tout, où l’habitude remplace l’indignation.

Mais l’Histoire ne prévient qu’une seule fois. Ensuite, elle juge. Ce livre est une mise en garde : il ne dit pas que l’Histoire se répète, il montre comment elle continue.